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Mauvaise élève, la région francilienne veut alimenter ses réseaux de chaleur avec 50% d’énergies renouvelables. L’objectif est inscrit dans son nouveau Schéma régional climat air énergie qui sera adopté à la fin de l’année.

La région francilienne part de loin. Seulement 5% de son énergie consommé provient des énergies renouvelables, alors que la loi Grenelle 2 fixe l’objectif à 23% d’ici à 2020. « On est dans le peloton de queue des régions françaises », admet Bernard Doroszczuk, directeur de la DRIEE (Direction régional et interdépartemental de l’environnement et de l’énergie). Pour se rattraper, l’Ile-de-France, zone urbaine dense, peut s’attaquer aux sources de son réseau de chauffage. Avec près de 600 millions de mètres carrés de surfaces à chauffer – à la fois logements, bureaux et usines -, le chauffage urbain monopolise 60 % de la consommation énergétique total. C’est donc un potentiel à exploiter. Le Schéma régional climat air énergie (SRCAE) – voulu par la loi Grenelle 2 -, sur lequel la région et l’Etat travaillent depuis 2009, en a fait un de ses axes prioritaires. Voté par le Conseil régional en juin, le schéma doit être adopté avant la fin de l’année après une phase de concertation publique qui s’est achevé le 20 septembre. Les objectifs : raccorder 450.000 logements supplémentaires aux réseaux de chaleur (qui alimentent aujourd’hui 1,1 million de logements) d’ici à 2020 et hisser à 50% la part des énergies renouvelables qui alimentent ce réseau, contre 30 % aujourd’hui. «  Il s’agit de raccorder dix fois la ville de Saint-Denis en l’espace de huit ans », traduit Bernard Doroszczuk.

Les principales sources renouvelables utilisées aujourd’hui sont la géothermie, dont le potentiel est énorme dans la région francilienne, ou l’incinération des ordures ménagères. Mais d’autres pistes sont à explorer. C’est le cas de la récupération de la chaleur émanant des « data center », comme l’expérimente la ville de Bailly-Romainvilliers (Seine-et-Marne), près de Marne-la-Vallée, ou de celle des usines de traitement des eaux usées, comme c’est le cas sur la ZAC des Batignolles à Paris. La biomasse a aussi de beaux jours devant elle.

Des aides existent

Le potentiel existe. Plusieurs études dévoilées à l’occasion de la troisième édition des Assises des énergies renouvelables en milieu urbain, coorganisées par la DRIEE Ile-de-France et la Direction régionale de l’ADEME, l’ont révélé mardi dernier. « Nous pouvons doubler le recours à la géothermie en Ile-de-France et tripler le recours à la biomasse », indique Gwénaël Guyonvarch, directeur régional Ile-de-France de l’Ademe. Dans le cas de la biomasse, il faut d’abord structurer la filière bois et créer plusieurs dizaines de plate-forme de stockage. Et il faut convaincre les collectivités locales d’accélérer leurs investissements en géothermie, sachant qu’un forage coûte plusieurs millions d’euros. « L’équipement dure trente ans, et les habitants bénéficient sur leur facture d’une TVA réduite à 5,5 % »,fait valoir l’Ademe. Des aides existent : fonds Chaleur (20 millions d’euros par an), fonds européens (13 millions d’euros par an pour la période 2007-2013) ou certificats d’économies d’énergies.
Le travail réalisé avec les collectivités locales dans le cadre du Grand Paris devrait aussi aider à atteindre ces objectifs. «  Nous allons introduire ces engagements sur le développement des réseaux de chaleur et des énergies renouvelables dans les contrats de développement territoriaux (CDT), qui seront signés entre la fin 2012 et la fin 2013 », indique Bernard Doroszczuk.

MARION KINDERMANS, Les Echos, 25 Septembre 2012